Utilisation d’une base de données numérique d’auscultations cardiaques pour la recherche d’associations entre les anomalies auscultatoires et échocardiographiques chez les enfants porteurs de cardiopathies congénitales
DOI :
https://doi.org/10.12856/JHIA-2021-v8-i1-315Résumé
Introduction : L’auscultation cardiaque et l’échocardiographie sont essentielles pour l’évaluation des cardiopathies congénitales. L’utilisation d’outils numériques (stéthoscopes électroniques, logiciels de traitement et d’annotation) permet l’enregistrement audio des auscultations cardiaques, améliore leur écoute et favorise leur description détaillée. L’objectif de cette étude était de rechercher les associations qui existeraient entre les anomalies retrouvées à l’auscultation cardiaque et les paramètres échocardiographiques chez les enfants porteurs de cardiopathies congénitales, en s’appuyant sur une base de données d’auscultations annotées.
Méthodologie : Une étude transversale descriptive a été réalisée au Centre Mère et Enfant de la Fondation Chantal Biya. Les enfants porteurs de cardiopathies congénitales non corrigées étaient inclus. Les sons issus de l’auscultation cardiaque de ces enfants ont été enregistrés et permis de constituer une base de données d’auscultations cardiaques. Les bruits d’intérêt issus de ces auscultations ont été décrits et annotés par un cardiopédiatre à l’aide d’un logiciel de traitement et d’annotation d’enregistrements audios. Ces enfants ont ensuite bénéficié chacun d’une échocardiographie. Les associations qui existaient entre les anomalies retrouvées à l’auscultation cardiaque et les paramètres échographiques ont été recherchées chez les enfants porteurs de communication interventriculaire (CIV), de sténose valvulaire pulmonaire (SVP) ou de persistance du canal artériel (PCA) isolées.
Résultats : 54 enfants ont été recrutés, soit 324 enregistrements audios pour une durée totale de 121 minutes. Les enfants de 29 jour à moins de 3 ans représentaient 51,9 % des participants. À l’auscultation, 51 patients (94,4 %) avaient un souffle cardiaque et 6 patients (11,1%) avaient un éclat du B2 pulmonaire. Les cas de CIV, PCA et SVP isolés représentaient respectivement 37%, 20,4% et 11,1% des participants. Il existait une différence statistiquement significative entre ces trois groupes de pathologies isolées par rapport au foyer où le souffle avait une intensité maximale à l’auscultation cardiaque (p=0,005). Par contre, il n’y avait pas d’association statistiquement significative entre l’intensité du souffle et les différents gradients de pression ainsi qu’avec la pression artérielle pulmonaire moyenne pour ces trois groupes de pathologies isolées. Enfin, l’éclat du B2 n’était pas associé de manière statistiquement significative à la pression artérielle pulmonaire moyenne chez les patients ayant une CIV isolée.
Conclusion : L’utilisation d’outils numériques permet d’améliorer l’expérience et les performances en auscultation cardiaque. Il servent comme support pour la description d’anomalies de l’auscultation cardiaque et facilitent ainsi la recherche d’associations entre les anomalies retrouvées à l’auscultation cardiaque et les paramètres échocardiographiques. Le foyer d’auscultation où le souffle est perçu avec une intensité maximale pourrait permettre de prédire la nature de la cardiopathie pour les trois groupes de pathologies isolées étudiées.